Le multiculturalisme et notre acceptation de la diversité sont des composantes importantes de cette magnifique mosaïque qu’est le Canada et c’est le cas également pour le HOOPP. Le message d'égalité, de diversité et d'inclusion (EDI) du HOOPP est renforcé par nos groupes de ressources d’employés (GRE), qui leur permettent de partager avec les membres du personnel leurs expériences en matière de race, de genre, d’orientation sexuelle et de culture, dans le but de mieux les comprendre, de les aider et d’apprendre de leur vécu. Pour mettre en lumière ces diverses expériences, nous avons rencontré Sarmila Satgun, infirmière à l’hôpital St. Michael’s et fière participante au HOOPP afin d’avoir une discussion franche sur son expérience au Canada et ses perspectives d’EDI en milieu de travail en tant que Canadienne née au Sri Lanka.
Parlez-nous un peu de vous, de votre profession et de votre expérience dans ce pays jusqu’à aujourd’hui.
Je viens d’une famille tamoule du Sri Lanka. À cinq ans, je suis déménagée au Canada avec mes parents et mes deux frères et sœurs. J’ai grandi à Etobicoke, où, à l’époque, nous avons probablement été pendant près de 10 ans les seuls Sri Lankais. En tant qu’immigrante, j’ai dû me démener pour sortir du lot, prouver aux autres que j’avais du talent et me battre pour me tailler une place. Cependant, mon expérience m’a également enseigné la résilience et l’empathie et j’applique ces apprentissages dans toutes les sphères de ma vie. À 14 ans, je savais déjà que je voulais devenir infirmière; après mes études secondaires, je me suis inscrite à ce programme à l’Université Ryerson. Je compte plus de 13 ans d’expérience comme infirmière dans différents hôpitaux au Canada, y compris un an en Australie, à l’urgence, en pédiatrie et en chirurgie. À l’heure actuelle, je travaille à la pré-admission avec des équipes de chirurgie dans un hôpital de Toronto et j’espère pouvoir retourner en pédiatrie à un moment donné.
Croyez-vous que le marché du travail canadien est sensibilisé au multiculturalisme et qu’il est bien accepté?
Je crois que oui, même s’il y a place à encore beaucoup d’amélioration sur le plan de la diversité en milieu de travail. Bien que j’aie travaillé dans quelques hôpitaux, mon lieu de travail actuel est celui où j’ai vu le plus de diversité dans toute ma carrière. C’est là que je me suis sentie la mieux acceptée par la direction, mes collègues et les patients et que j’ai côtoyé le plus de personnes de ma nationalité, dont mon supérieur immédiat qui est un Tamoul du Sri Lanka. L’impact positif de rencontrer des personnes qui me ressemblent au travail, surtout en position d’autorité, a réellement mis en perspective à quel point les équipes doivent être plus diversifiées dans les hôpitaux.
À votre avis, quel est l’avantage d’avoir une équipe multiculturelle dans un hôpital?
Une équipe multiculturelle est un avantage pour les employés parce que nous apprenons les uns des autres. Mais, surtout, ce sont les patients qui en profitent le plus. Qu’une personne soit un nouvel arrivant ou vive au Canada depuis un certain temps, elle a peut-être de la difficulté à demander de l’aide ou à avoir accès à certains services, à plus forte raison si elle a subi un traumatisme. Un hôpital doit être un endroit sécuritaire où tous sont à l’aise d’exprimer leurs besoins et un facteur qui y contribue est la diversité du personnel. J’ai rencontré des patients qui se sentaient à l’aise en ma présence, même si je ne suis pas de la même origine qu’eux, simplement parce qu’ils ne se sentaient pas aliénés ou pas à leur place. Mon propre vécu m’aide à comprendre à quelles barrières ils se butent et je peux ainsi leur venir en aide encore mieux.
J’ai également remarqué que c’est encourageant pour les étudiants du domaine de la santé, surtout quand ils réalisent que les personnes de leur nationalité sont heureuses et s’épanouissent au travail, de voir une équipe diversifiée. Comparativement à il y a quelques années, les étudiants constatent qu’il y a beaucoup plus de diversité en milieu de travail et cela peut les inspirer, sachant qu’ils pourront accéder aux postes qu’ils convoitent, quelle que soit leur origine ethnique ou leur vécu.
Que peuvent faire les Canadiens pour amener la diversité à un autre niveau?
Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche pour veiller à ce que tout le monde, qui qu’ils soient ou quelle que soit leur origine, ait droit à l’égalité d’accès aux débouchés et aux possibilités qui se présentent dans leur vie professionnelle et personnelle. Côtoyer des gens qui ont un vécu autre que le nôtre peut nous aider à élargir notre zone de confort. Cela nous permet de bâtir des ponts avec des personnes différentes et d’en apprendre plus sur les autres cultures et de leur faire une place dans notre quotidien. De même, sensibiliser progressivement les gens au multiculturalisme, particulièrement les enfants d’âge scolaire et leurs parents/tuteurs, peut les aider à comprendre la diversité et l’inclusion en société et favoriser l’adaptation des néo-Canadiens à leur nouvel environnement. Évidemment, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais ce sont-là de bons points de départ.